Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)
Résumé des recommandations pour le généraliste
- Dépistage systématique des facteurs de risque de BPCO (tabagisme +20 PA, infections respiratoires récidivantes) et prévention par sevrage tabagique pour tout le monde
- Le diagnostic de bronchopneumopathie chronique obstructive est spirométrique: trouble ventilatoire obstructif non réversible. Le VEMS est le facteur pronostique majeur de la classification GOLD
- Le suivi de la BPCO nécessite un bilan par EFR/spirométrie de suivi annuelle
- La prise en charge de la BPCO associe: arrêt du tabac (facteur principal du déclin du VEMS), réhabilitation respiratoire, vaccinations (covid-19, grippe, pneumocoque, VRS si +65 ans (NR)), activité physique et prévention cardiovasculaire
- Suivi des symptômes et exacerbations de BPCO: questionnaire CAT™ voire mMRC pour déterminer la sévérité
- Bronchodilatateurs de longue durée d’action: LABA ou LAMA puis bithérapie LABA + LAMA si nécessaire avec bronchodilatateurs de courte durée en cas de gêne respiratoire. Augmenter les doses si besoin voire avis pneumologique pour LABA + LAMA + corticoïdes inhalés CSI
- Hospitalisation pour exacerbation de BPCO: réévaluation clinique dans les 7 jours, dans les 2 mois par le pneumologue, suivi PRADO, réhabilitation respiratoire
- Vidéos des techniques d’inhalation (autre set de vidéos)
- NB. La BPCO n’est pas une contre-indication aux bêtabloquants (ESC 2016 IC)
- Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)
- Maladie respiratoire hétérogène définie par des symptômes respiratoires chroniques (dyspnée, toux, expectorations, exacerbations) par anomalies des voies aériennes et/ou alvéolaires, engendrant des une obstruction persistante et progressive.
- Le diagnostic est spirométrique avec un trouble ventilatoire obstructif (VEMS/CVF < 0,7) non réversible.
- Les symptômes sont négligés par les patients et 3/4 des malades ne sont pas diagnostiqués.
- Le tabagisme est la 1re cause de BPCO (90%), suivie par l’expositions aux fumées.
- Causes de mortalité: insuffisance respiratoire (10% en Gold 1, 50% en Gold 4), maladies cardio-vasculaires (20-40%), cancers (10-20%).
- Exacerbation de BPCO (EABPCO)
- Le diagnostic d’exacerbation est clinique: aggravation de dyspnée et/ou de la toux et des expectorations en moins de 14 jours. La durée est variable, parfois jusqu’à 4 à 6 semaines voire sans récupération de l’état antérieur.
- Définitions APRÈS résolution de l’exacerbation
- Bronchite chronique
- Abandonnée par le GOLD car n’est présente que chez une minorité (27 à 35 %) de patients atteints de BPCO.
- Emphysème
- Composante variable de la BPCO, surtout révélé par une dyspnée limitant l’activité (avant 65 ans surtout). Le diagnostic est anatomique: élargissement permanent anormal des espaces aériens en-dessous des bronchioles terminales, associé à la destruction des parois alvéolaires. 2 types d’emphysème mais souvent associés: pan et centro-lobulaire.
- Insuffisance respiratoire chronique
- Incapacité permanente de l’appareil respiratoire à assurer une hématose (échanges gazeux pulmonaires) normale au repos.
- La définition est gazométrique: PaO2 < 70 mmHg sur 2 gaz du sang artériels en état stable à ≥ 3 mois d’intervalle.
Insuffisance respiratoire grave si PaO2 ≤ 55 mmHg ou < 60 si polyglobulie ou insuffisance cardiaque droite associée.
Abréviations
- BD
- bronchodilatateur
- BDCA
- bronchodilatateur de courte durée d’action (ß2 ou anticholinergique, SABD en anglais)
- BDLA
- bronchodilatateur de longue durée d’action (ß2 ou anticholinergique, LABD en anglais)
- BPCO
- bronchopneumopathie chronique obstructive
- CAT™
- COPD Assessment Test
- CSI
- corticostéroïde inhalé (ou corticoïde inhalé)
- CVF
- capacité vitale forcée
- DEP
- débit expiratoire de pointe
- EABPCO
- exacerbation aiguë de BPCO
- EFR
- épreuves fonctionnelles respiratoires
- EI
- effet indésirable
- FC
- fréquence cardiaque
- GOLD
- Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease
- LABA
- Long Acting ß2 Agent, bêta2-agoniste de longue durée d’action
- LAMA
- Long Acting Muscarinic Agent, anticholinergique de longue durée d’action
- RR
- réhabilitation respiratoire (ou réadaptation respiratoire)
- SPLF
- Société de Pneumologie de Langue Française
- VEMS
- volume expiré maximal à la première seconde (FEV1 en anglais)
Épidémiologie de la bronchopneumopathie chronique obstructive
- 3e cause mondiale de décès (OMS): 3,23 millions de décès (2019)
- 6% des dépenses de santé européennes
- USA: coût estimé de 52,4 milliards $ annuels (32 directs + 20,4 indirects)
Épidémiologie de la BPCO en France
Un seul marqueur de prise en charge optimale de la BPCO sur 7 dépasse le seuil de 70% en ville (voir Projet, HAS 2022).
- Prévalence: 7-10% des 40-64 ans (3,5 millions en 2010)
- Hospitalisations: 100-160.000/an (2017)
22,5% des patients hospitalisés ont été ré-hospitalisés. - Décès: 18.000/an
- Coût moyen: de 7628 € à 20.747 €
Coût annuel moyen respectif d’un patient avec BPCO légère et oxygénorequérant. - Sous-diagnostic: 70% ne seraient pas diagnostiqués
- 80% des cas dus au tabac
- Méconnaissance: 22% des Français ont déjà entendu parler de BPCO (SPF 2017) parmi lesquels seulement ⅓ cite le tabac comme cause.
- Excès de corticothérapie inhalée: 70% des patients dont 35% chez GOLD A et B (SPLF 2021)
BPCO - Qui dépister ?
Dépister par spirométrie toute personne par l’Auto-questionnaire de dépistage OU tout sujet de plus de 40 ans avec au moins 1 facteur de risque ou signe parmi:
- Tabagisme (+20 PA selon GOLD)
- Pollution atmosphérique
- Chauffage au bois ou au charbon
- Exposition professionnelle
Silice, charbon, moisissures, gaz, vapeurs, fumées. - Toux chronique
- Expectoration fréquente
- Dyspnée
- Infections pulmonaires récidivantes (GOLD 2025)
– HAS 2019
NB. L’utilisation d’un mini-spiromètre au cabinet est fortement encouragée par les différentes sociétés savantes. La mesure nécessite une confirmation pneumologique spécialisée.
BPCO - Comment dépister ?
- Au cabinet avec mini-spiromètre ou chez le pneumologue
- Chez un sujet avec facteur de risque ou signes cliniques (voir plus haut BPCO - Qui dépister)
- Spirométrie après bronchodilatateur: VEMS/CVF < 70%
La clinique de la BPCO est antagoniste de l’asthme (sauf tabagisme associé):
Tabagisme, âge +35 ans, dyspnée persistante et progressive, décrite comme nécessitant un effort pour inspirer, une pression thoracique, un manque d’air ou un halètement, toux productive chronique (30%), essoufflement nocturne avec sifflements rare, variabilité significative (> 400 mL) nycthémérale rare.
Interrogatoire
- Antécédents
Asthme, allergie, atopie, sinusite, polypes du rhinopharynx, infections respiratoires infantiles, hospitalisations pour pathologies respiratoires. - Comorbidités
- Cardiovasculaires
Hypertension, coronaropathie, AVC, AOMI (8,8%), insuffisance cardiaque (20-70%), arythmie, diabète - Cancers liés au tabac (poumon, vessie, digestifs)
- Dépister anxiété et dépression (questionnaire PHQ-4), troubles cognitifs
- Ostéoporose et amyotrophie
- Obésité, dénutrition, anémie et polyglobulie
- Apnées du sommeil, dilatation des bronches
- Reflux gastrique
- Cardiovasculaires
- Antécédents familiaux
Tabagisme, BPCO et maladies respiratoires. - Terrain
Tabagisme actif ou passif, cannabis, exposition professionnelle, exposition aux vapeurs et combustions (bois, charbon). - Traitements en cours
À risque: gabapentine, prégabaline. - Symptômes persistants de BPCO
Toux chronique, expectoration, dyspnée (aggravée à l’effort), sifflements, fatigue, perte de poids, anorexie.
Évolution pondérale, appétit. - Histoire de la maladie
Âge de début, dyspnée et symptômes, rhumes traînants, bronchites hivernales fréquentes, consommation d’antibiotiques, renoncement à des activités. - Échelle de dyspnée mMRC
- Retentissement
Limitation des activités, arrêts de travail, activité physique, anxiété/dépression, qualité de vie. - Entourage
Examen clinique
- Pression artérielle, pouls, SpO2
- Poids, taille, IMC
- Auscultation pulmonaire
Sibilants, tirage, cyanose. - Calcul du risque cardiovasculaire SCORE2 (Android, iOS, web)
- Dépister des apnées du sommeil
- Rechercher une mycose buccale
Autres causes de toux et dyspnée chronique d’origine thoracique:
- Asthme
- Cancer du poumon
- Tuberculose
- Dilatation des bronches et emphysème pulmonaire
- Insuffisance cardiaque chronique
- Pneumopathie interstitielle
- Mucoviscidose
- Idiopathique
Diagnostic différentiel de l’exacerbation de BPCO
Bilan de le bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)
- NFS (hématocrite, éosinophiles)
- Glycémie à jeun
- Bilan lipidique
- Radiographie de thorax
- Consultation de cardiologie
- Consultation de pneumologie
Spirométrie
La spirométrie est l’examen diagnostique et de suivi de référence: trouble ventilatoire obstructif non réversible (VEMS/CV post-bronchodilatateur < 0,7) et sévérité de l’obstruction bronchique (VEMS).
Cotation CCAM d’une spirométrie: GLQP012 soit 41,08 €.
Gaz du sang
Indications aux gaz du sang: SpO2 ≤ 92%, mMRC ≥ 3, stade obstructif ≥ 3, suspicion d’embolie pulmonaire ou d’hypercapnie.
Autres examens
- Scanner thoracique
Indications: exacerbations ou hospitalisations fréquentes, symptômes discordants avec la spirométrie. - Déficit en alpha-1 antitrypsine
Dosage unique au diagnostic (surtout avant 45 ans). Une concentration < 20% évoque un déficit homozygote. (GOLD 2025) - ECBC selon le pneumologue
- Envisager un suivi par scanner faible dose pour le dépistage de cancer du poumon
- NT-proBNP, D-dimères pour éliminer une part cardiaque
Critères d’hospitalisation pour exacerbation de BPCO (EABPCO)
- Âge +85 ans
- Dyspnée basale mMRC 4 ou 5
- Oxygénorequérant
- Exacerbations antérieures sévères
- Mauvaise tolérance
SpO2 < 92 %, pouls ≥ 95/min, polypnée > 24/min, respiration paradoxale, tirage, cyanose. - Hypercapnie
Flapping tremor, sueurs, céphalées, hypertension artérielle, troubles de la vigilance, désorientation temporo-spatiale - Encombrement important, difficultés à la toux
- Troubles de conscience
- CRP ≥ 10 mg/L
- Anomalies radiologiques ou ECG
- Comorbidités (cardiovasculaires ++)
- Contexte social
- Échec du traitement ambulatoire ou aggravation à 48-72 heures (SPLF 2017)
– HAS 2019 et GOLD 2025
Sortie d’hospitalisation après une exacerbation de BPCO
Carnet de suivi après mon hospitalisation pour BPCO (Prado PDF)
- L’hôpital inclut dans le programme Prado BPCO
- Consultation du médecin traitant dans la semaine
Puis suivi à 1 mois, 3 mois, 6 mois et 1 an. - Contrôle de la technique d’inhalation et du traitement par BDLA (LAMA voire association LABA + LAMA)
- Consultation du pneumologue dans les 2 mois
Avec EFR et gaz du sang. - Réhabilitation respiratoire dans les 2 à 4 semaines
Diminue la mortalité (50% à 5 ans) et les ré-hospitalisations. - Encourager à l’arrêt du tabac (voir Traitement de fond)
- Suivi infirmier à domicile
- Contrôler le Plan d’Action
- Poursuivre les traitements de fond
Mesures générales de prise en charge de la BPCO:
- Arrêt du tabac
- Principal facteur pronostique
- Prise en charge optimale (conseil minimal, substituts, tabac-info-service, tabacologue, psychothérapie, varénicline)
- Autres expositions aux toxiques et gaz domestiques et professionnels
Aérosols, combustion de bois ou biomasse, moisissures.
- Vaccinations
- Mise à jour du calendrier vaccinal avec la coqueluche
- Covid-19 et grippe annuels, pneumocoque
- +65 ans: VRS 1 fois (NR – HAS 2024)
- +50 ans: zona (GOLD 2025, 65 ans dans le Calendrier vaccinal)
- Réhabilitation respiratoire
- Essentielle pour quasi tous (GOLD B et E) pour réduire la dyspnée, le stress et améliorer la qualité de vie
- Dès 1 mois post-hospitalisation, durée 6-8 semaines, répétée si besoin
- Liste des centres de réhabilitation respiratoire (RR)
- Voire kinésithérapie respiratoire à domicile
Ordonnance: “Séances de réadaptation respiratoire kinésithérapique pour maladie respiratoire chronique obstructive”.
- Activité physique quotidienne
- Augmenter le temps de marche quotidien, escaliers, vélo
Favoriser avec podomètre, appli (Google Fit …) - Guide patient APA (HAS)
- Annuaire pour l’Activité Physique Adaptée (APA)
- Augmenter le temps de marche quotidien, escaliers, vélo
- ALD n°14
Indications: insuffisance respiratoire chronique, hypercapnie > 50 mmHg, VEMS < 50% - Évaluation nutritionnelle
Dont santé bucco-dentaire et diététicien. - Éducation thérapeutique et Plan d’action écrit
Systématique, cf chapitre suivant. - Réévaluation de médicaments bronchoconstricteurs
- Ticagrélor, adénosine, latanoprost
- Absence de contre-indication aux bêtabloquants, préférer biso/méto-prolol ou nébivolol (ESC 2016 IC)
- Observance et techniques de prises de tous les traitements
- Soutien psychologique
- Personne de confiance
- Associations de patients
Santé Respiratoire France, FFAAIR, arairlor, lesouffle. - Déclin respiratoire
Directives anticipées, soins palliatifs.
La technique d’inhalation (> 2/3 font des erreurs) et l’observance sont primordiaux et repris à chaque consultation pour ces traitements symptomatiques. Une chambre d’inhalation est utile pour réduire ces erreurs. Rechercher les doses minimales efficaces.
Exacerbations | mMRC 0-1 CAT < 10 |
mMRC ≥ 2 CAT ≥ 10 |
---|---|---|
≥ 2 exacerbations modérées ou ≥ 1 hospitalisation |
LABA + LAMA (groupe E) + CSI si éosinophiles ≥ 300 |
|
0-1 exacerbation modérée |
LABA ou LAMA Groupe A |
LABA + LAMA Groupe B |
1) Dyspnée intermittente ou à l’exercice
BDCA à la demande.
2) Dyspnée persistante
Si insuffisant:
- Vérifier l’observance et la technique d’inhalation
- Essayer un autre dispositif d’inhalation voire une chambre d’inhalation (15-25 cL)
- Changer de classe de bronchodilatateur
3) Dyspnée résistante
Dyspnée sous monothérapie toujours mMRC ≥ 2 ou CAT™ ≥ 10:
bithérapie LABA + LAMA
Avis pneumologique si exacerbations répétées ou hospitalisation avec éosinophilie ≥ 300/mm³
Sur-risque de pneumopathie avec les corticoïdes inhalés.
4) Prescription spécialisée
Triple association si GOLD groupe E avec éosinophilie: LABA + LAMA + CSI.
Arrêter le corticoïde inhalé en cas de pneumonies ou d’autres effets indésirables.
Seul le pneumologue peut prescrire une trithérapie ou des nébulisations et les traitements suivants:
- Anticorps monoclonal IgG4 dupilumab (Dupixent)
- Azithromycine 250 mg/j ou 500 mg 3 jours par semaine
- N-acétylcystéine 600 mg x 2/j
Ne jamais utiliser:
- Corticoïdes inhalés en monothérapie
- Corticoïdes oraux prolongés
- Antileucotriènes
- Antitussifs
Les opiacés sont formellement contre-indiqués.
Arrêt des corticoïdes inhalés
Éléments de la balance bénéfice-risque des CSI: asthme, exacerbations fréquentes, éosinophilie versus pneumonies.
Substitution envisagée par bithérapie LABA + LAMA.
Envisager l’arrêt des corticoïdes inhalés en l’absence d’exacerbation modérée à sévère dans l’année (avec suivi rapproché si éosinophiles > 300/mm³), éosinophiles < 300/mm³, pneumonie (ou effet indésirable des CSI)
sauf si éosinophiles > 300/mm³ et exacerbations fréquentes en l’absence de pneumonie.
– SPLF 2021
Éosinophilie: mesurée en état stable. Elle n’a aucun intérêt en exacerbations fréquentes.
En savoir plus: autres traitements
Traitements réservés au pneumologue (prescription et renouvellement):
- Ventilation mécanique ± Pression Positive Continue (PPC)
- Certains emphysèmes: chirurgie de réduction volumique
- Si dyspnée réfractaire: opioïdes faible dose (SPLF 2021)
Oxygénothérapie longue durée
Au moins 15 heures/j en cas d’hypoxémie avec suivi au moins annuel (pas de bénéfice au-delà de 15 h/j selon Taichman DB et al 2024).
Envisager une oxygénothérapie de longue durée si:
- Obstruction très sévère (voire sévère)
- Cyanose
- Polyglobulie
- Signes d’insuffisance cardiaque droite
Tachycardie, galop, turgescence jugulaire, reflux hépato-jugulaire, hépatalgie d’effort/repos, hépatomégalie, œdèmes des membres inférieurs prenant le godet, ascite. - SpO2 ≤ 92% en air ambiant (GOLD 2025)
- PaO2 ≤ 55 mmHg ou SaO2 ≤ 88% confirmée à 2 reprises sur 3 semaines
- PaO2 55-60 mmHg ou SaO2 ≤ 88% avec HTAP, insuffisance cardiaque droite ou polyglobulie (hématocrite > 55%)
– HAS 2019
Saturation cible au repos: SpO2 ≥ 90% (PaO2 ≥ 60 mmHg).
1. Éliminer un diagnostic différentiel
- Syndrome coronarien aigu
- Arythmie cardiaque
- Aggravation de l’insuffisance cardiaque (NT-proBNP)
- Embolie pulmonaire (d-dimères)
- Pneumonie aiguë communautaire
- Pneumothorax et pleurésie
2. Rechercher le facteur déclenchant
- Infection virale ou bactérienne
Si Covid-19: antiviral en urgence. - Pollution intérieure/extérieure
- Arrêt du traitement de fond
Facteurs favorisants les EABPCO: manque d’activité physique, tabagisme, douleur, anxiété, médicaments dépresseur respiratoire.
3. Hospitaliser ?
Voir Critères d’hospitalisation.
Joindre le courrier détaillé des traitements en cours, contexte social, derniers bilans, personne de confiance, directives anticipées.
4. Examens complémentaires lors d’une exacerbation
- Biologie selon comorbidités et examen
- Urémie, créatininémie, NT-proBNP, d-dimères
- Les CRP et PCT ne sont pas fiables pour étayer une surinfection (GOLD 2025 et SPLF 2017)
- ECG si FC > 100 ou < 60/min (SPLF 2017)
- Radiographie thoracique en cas d’incertitude
5. Traitement de l’exacerbation de BPCO
- Bronchodilatateurs
- Augmenter la dose et la fréquence des BDCA jusqu’à l’amélioration des symptômes.
Ex: 1-2 bouffées toutes les 2-4 heures - Envisager l’utilisation d’une chambre d’inhalation (3-5 inspirations par dose de BDCA)
- Augmenter la dose du traitement de fond
- Augmenter la dose et la fréquence des BDCA jusqu’à l’amélioration des symptômes.
- Kinésithérapie respiratoire si encombrement
- Antibiothérapie ≤ 5 jours si: aggravation de la dyspnée et augmentation du volume et de la purulence des crachats pendant ≥ 48 heures OU BPCO très sévère (HAS 2024)
- Amoxicilline 1g x 3/j pendant maximum 5 jours
- Si allergie aux pénicillines: pristinamycine 1g x 3/j pendant 4 jours
- Si pénurie: clarithromycine 500 mg x 2/j, roxithromycine 150 mg x 2/j, spiramycine 6-9 MUI/j ou doxycycline 200 mg x 1/j
- ECBC en cas d’exacerbations fréquentes (GOLD)
- Antibiothérapie adaptée si critères ci-dessus avec facteur de risque d’échec ou de complication
+65 ans, échec de la 1re ligne, ≥ 2 exacerbations par an ou 1 hospitalisation, VEMS < 50%, insuffisance cardiaque ou SCA, désaturation/oxygénothérapie.- Amoxicilline/acide clavulanique 1g x 3/j pendant max 5 jours
- Si allergie aux pénicillines: triméthoprime/sulfaméthoxazole 800/160 mg x 2/j ou ceftriaxone 1-2 g x 1/j IV ou SC
- Si pénurie: idem absence de facteur de risque
- En dernier recours: lévofloxacine 500 mg x 1/j (ne pas utiliser si Pseudomonas aeruginosa connu)
- Corticothérapie orale si exacerbation marquée
Prednisone 40 mg x 1/j pendant 5 jours (GOLD) - Réévaluation clinique toutes les 24-72 heures
- Avis pneumologique
- Urgent si: suspicion de germe résistant, récidive d’exacerbation, nébulisations
- Réévaluation systématique à distance de l’exacerbation
- Si oxygénothérapie ambulatoire: cible SpO2 88-92% (surveillance des gaz du sang)
Si récupération incomplète: spirométrie à 3 mois.
NB. Le risque d’évènement cardiovasculaire est augmenté dans les 3 mois suivant une exacerbation.
Plan d’action personnalisé en cas d’exacerbation
Modèle SPLF du Plan d’action BPCO (PDF)
Toujours remettre au patient le Plan d’Action. Son entourage doit aussi le connaître.
- Savoir quand appeler son médecin généraliste ou son pneumologue
- Ajuster le traitement bronchodilatateur aux symptômes
- Proposer un traitement antibiotique court et parfois un corticoïde oral pour rester à domicile si:
- le patient a eu une exacerbation dans l’année précédente et reste à risque d’exacerbations
- il comprend et sait quand et comment prendre les traitements, leurs risques et bénéfices
- il sait en parler à son médecin pour qu’il les renouvelle
- Prendre l’antibiotique lorsque les expectorations sont purulentes, augmentées en volume ou très épaissies
- Savoir consulter ou rapprocher les séances de drainage bronchiques avec le kiné, connaître les méthodes d’auto-drainage et avoir une ordonnance d’avance
- Connaître les critères justifiant le recours aux urgences: dyspnée de repos, cyanose, œdèmes des membres inférieurs, troubles de la conscience. Connaître les numéros d’urgence.
Suivi tous les 1 à 3 mois après chaque modification de traitement et 1 à 4 fois par an selon la sévérité de la BPCO.
Reprendre régulièrement tous les points du Traitement de fond ainsi que les mesures suivantes.:
- Date du diagnostic de la BPCO
- Statut tabagique et traitements de sevrage essayés
- Expositions professionnelles et domestiques
- Sévérité des signes respiratoires
- Spirométrie/EFR annuelle
- Sévérité de l’obstruction bronchique
- Dyspnée selon l’échelle mMRC
- Test de marche de 6 minutes, lever de chaise ou stepper test
- État nutritionnel
IMC (< 21), perte de poids, santé bucco-dentaire. - Retentissement de la maladie
- Nombre d’exacerbations annuelles
- Nombre d’hospitalisations
- Dates des stages de réhabilitation respiratoire
- Traitements en cours et technique d’inhalation
- SpO2
- Gaz du sang annuel si GOLD 4
- Limitation des activités
Fatigue, activités quotidiennes et sociales, qualité de vie, évaluation CAT™.
- Recherche de comorbidités aggravantes
Anémie, asthme, cancer, insuffisance cardiaque, surpoids, troubles du sommeil, troubles anxieux/dépressifs, troubles musculosquelettiques, hypertension pulmonaire.
graph TB depister["Dépister
—
- Mini spiromètre
- Questionnaire GOLD
- ≥ 40 ans avec ≥ 1 parmi:
tabagisme, env. pollué,
chauffage charbon/bois,
exposition professionnelle,
toux chronique, expectorations,
dyspnée"] style depister stroke:#4150f5, stroke-width:1px depister --> spirometrie("- Spirométrie avec test de réversibilité
—
- Évaluation dyspnée: CAT™, échelle mMRC
- NFS, glycémie, lipides, Radio thorax
- Consultations pneumo et cardio") spirometrie -- TVO non réversible --> rhd("Mesures générales
—
- Sevrage tabagique
- Vaccin covid-19, grippe, pneumo, VRS
- Activité physique
- Réadaptation respiratoire
- Équilibre diététique
- Traitement des comorbidités") rhd --> bdca("Bronchodilatateur de courte durée
en cas de gêne") bdca -- Dyspnée ou exacerbation --> bdla("Bronchodilatateur de longue durée:
LABA ou LAMA") bdla -- Dyspnée ou exacerbation --> bitherapie(Bithérapie LABA + LAMA) -. Insuffisant .-> pneumologue(Avis pneumologique) spirometrie -- Diagnostic différentiel --> differentiel("- Asthme
- Cancer du poumon
- Tuberculose
- DDB et emphysème
- Insuff. cardiaque
- Pneumopathie interstitielle
- Mucoviscidose
- Idiopathique")
Dyspnée persistante: Évaluation CAT™ ou échelle de dyspnée mMRC
BDCA = bronchodilatateur de courte durée d’action
LABA = bêta2-agoniste de longue durée d’action
LAMA = anticholinergique de longue durée d’action
Associations LABA + LAMA
Carnet de suivi en ligne de la BPCO par la SPLF
Carnet de suivi à imprimer de la BPCO par la SPLF (PDF)
- Explication de la BPCO: l’acronyme, la maladie et ses symptômes
- Conseils pour arrêter de fumer (tabac, cannabis) et son intérêt pour l’évolution de la maladie
- Conseils pour éviter le tabagisme passif et les aéropolluants professionnels
- Gestion de la dyspnée
- Importance et modalités d’une activité physique régulière, intégrée dans sa vie quotidienne (guide info HAS)
- Intérêt de la réhabilitation respiratoire (le cas échéant)
- Intérêt du traitement médicamenteux et de sa gestion optimale
- Compréhension de l’action des médicaments
- Enjeu de la bonne adhésion aux traitements prescrits
- Bonne technique d’utilisation des dispositifs d’inhalation
- Importance des vaccinations
- Alimentation équilibrée adaptée aux besoins nutritionnels
- Évolution de sa maladie: risque de comorbidités et de complications
- Planification des rendez-vous futurs
- Aides extérieures, réseaux et associations de patients pour un soutien du patient et de son entourage
– HAS 2019
Vidéos pour la maîtrise des inhalateurs
par la SPLF