Cancer de l’endomètre

Carcinome endométrial

ESMOHASINCaACOGMis à jour

Résumé des recommandations pour le généraliste

  • Il n’existe pas de dépistage du cancer de l’endomètre
  • Échographie pelvienne sus-pubienne et endovaginale au plus vite en cas de métrorragies post-ménopausiques ou prolongées pour éliminer un cancer de l’endomètre
  • Toute hyperplasie endométriale doit être biopsiée sous hystéroscopie
  • Une endomètre ≤ 4 mm élimine une suspicion de cancer de l’endomètre (VPN +99%)
  • La prise en charge et le traitement du cancer de l’endomètre dépend de la RCP mais privilégie la chirurgie avec hystérectomie totale et salpingo-ovariectomie bilatérale, à l’origine d’une stérilisation
  • Traitement par tamoxifène: échographie pelvienne initiale puis suivi gynécologique annuel

Cancer de l’endomètre
Tumeur primitive maligne le plus souvent épithéliale (90%) développée aux dépens de l’endomètre. Les autres types histologiques sont beaucoup plus rares (sarcomes).
Le cancer de l’endomètre survient le plus souvent après la ménopause (+90 % après 50 ans) et est le plus souvent révélé par des métrorragies post-ménopausiques

Facteurs de risque de cancer de l’endomètre

Surtout par présence d’œstrogènes en excès:

  • Principaux facteurs de risque
  • Nulliparité
  • Ménarche précoce et ménopause tardive
  • Syndrome de Lynch/HNPCC
    • Dépistage échographique annuel à partir de 35 ans
    • Hystérectomie totale avec annexectomie discutée à partir de 40 ans

ESMO

Épidémiologie du cancer de l’endomètre en France

  • Cancer gynécologique pelvien le plus fréquent
  • Incidence: 8432 nouveaux cas par an (métropole 2023)
  • Décès: 1880 annuels (2009)
  • Âge moyen au diagnostic: 68 ans
  • Survie à 5 ans: 76 % (95 % pour un stade localisé)

Abréviations

ACOG
The American College of Obstetricians and Gynecologists
CLCC
centre de lutte contre le cancer
INCa
Institut national du cancer
RCP
réunion de concertation pluridisciplinaire
VPN
valeur prédictive négative

« Le cancer de l’endomètre est la première cause à évoquer devant des métrorragies post-ménopausiques ». – HAS 2010

Interrogatoire

Signes et symptômes évocateurs à rechercher en cas de suspicion d’un cancer de l’endomètre:

.

  • Facteurs de risque du cancer de l’endomètre
  • Symptômes
  • +75 ans: dépistage gériatrique (G8, VES13, FOG …)

« Le diagnostic doit également être envisagé devant des métrorragies chez les femmes non ménopausées ». – HAS 2010

Examen clinique

  • Poids et variations, taille, IMC
  • Examen abdominal
  • Examen gynécologique
  • Aires ganglionnaires

« Contrairement au cancer du col de l’utérus, il n’existe pas de dépistage du cancer de l’endomètre. » – HAS 2010

Échographie pelvienne sus-pubienne et endovaginale

Échographie utérine systématique en semi-urgence devant des métrorragies suspectes pour évaluer l’épaisseur de l’endomètre et rechercher d’autres anomalies pelviennes.

Une épaisseur endométriale ≤ 4 mm a une valeur prédictive négative supérieure à 99% – ACOG 2020

En cas d’hyperplasie endométriale, hystéroscopie avec biopsie endométriale systématique pour examen anatomopathologique.

Autres bilans exploratoires

Le bilan d’extension comprend une IRM pelvienne et des aires ganglionnaires lombo-aortiques.

Le dosage du marqueur tumoral CA 125 peut être discuté initialement en cas de suspicion d’extension régionale (inutile selon ESMO).

Adresser en semi-urgence à l’équipe hospitalière de gynécologie pour la suite de la prise en charge du cancer de l’endomètre. Annuaire des Centres de Lutte contre le Cancer (CLCC). Le choix du traitement dépend de la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).

La prise en charge du cancer de l’endomètre repose essentiellement sur la chirurgie avec hystérectomie totale et salpingo-ovariectomie bilatérale si la patiente est opérable.

La chirurgie avant 50 ans entraîne une ménopause précoce pouvant être substituée par traitement hormonal substitutif avec œstrogènes seuls (HAS 2010, voir ménopause pour le THS).

Comme pour tout cancer:

Pour en savoir plus

La chirurgie d’exérèse est le traitement privilégié avec hystérectomie totale et salpingo-ovariectomie bilatérale. La voie cœlioscopique est privilégiée.

Une chirurgie étendue (curage ganglionnaire, omentectomie) dépend du type de cancer.

Le recours à la radiothérapie (ou une curiethérapie), une chimiothérapie adjuvante conventionnelle et/ou une hormonothérapie (cancer métastatique) peuvent être proposés.

Suivi après traitement du cancer de l’endomètre:

  • Examen gynécologique tous les 4-6 mois pendant 3 ans (5 ans si stade 3)
    Examen au spéculum et les touchers pelviens (toucher vaginal et toucher rectal)
  • Puis annuel
  • Pas d’autres examens systématiques
  • Informer de la nécessité de consulter en cas de métrorragies ou de douleurs pelviennes
  • Suspicion de récidive: scanner abdomino-pelvien
  • Localisation des récidives d’un cancer endométrial les plus fréquentes: vessie, côlon, sein

Hématurie après radiothérapie pelvienne: éliminer sans délai un cancer de la vessie.

graph TB
  suspicion["Suspicion de cancer de l'endomètre

- Métrorragies post-ménopausiques ++
- Métrorragies avant la ménopause
- Leucorrhées
- Douleurs pelviennes
- Cystites répétées"] --> bilan("Échographie pelvienne
sus-pubienne et endovaginale
semi-urgente") --"Endomètre ≤ 4 mm"--> négatif("Autres étiologie
VPN > 99%") bilan --"> 4 mm"--> avis("Avis gynécologique
en CLCC semi-urgent
+ IRM pelvienne et des aires
ganglionnaires lombo-aortiques") style suspicion stroke:#4150f5, stroke-width:1px
Figure. Prise en charge du cancer de l'endomètre par le médecin généraliste. Dr JB Fron d'après ESMO 2016, HAS, INCa et ACOG.