Cancer du poumon

Cancer broncho-pulmonaire, tumeur pulmonaire

HASSPLFERSMis à jour

Résumé des recommandations pour le généraliste

  • Le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer alors qu’il est presque totalement évitable (arrêt du tabac)
  • Rechercher un cancer du poumon devant toute hémoptysie ou symptôme thoracique persistant chez un (ex)-fumeur
  • Bilan initial du cancer du poumon avec radiographie de thorax de face et profil et scanner thoracique injecté
  • Adresser en semi-urgence au pneumologue ou oncologue du Centre de Lutte contre le Cancer (CLCC)
  • Le dépistage ciblé du cancer du poumon n’est pas recommandé par la HAS mais est recommandé par les SPLF et Commission européenne

Cancer bronchopulmonaire (CBP)
Les cancers du poumon sont principalement de type histologique non à petites cellules (CBNPC, 85%, adénocarcinome surtout, carcinome épidermoïde ou carcinome à grandes cellules) ou à petites cellules (15%).
Principaux facteurs de risque: tabagisme actif ou passif (85-90%) et amiante (x5, x50 si tabac), échappement de diesel, radon, arsenic, nickel, cobalt, chrome, hydrocarbure à cycle aromatique, rayonnements ionisants, silice, cadmium. Aussi: antécédent de CBP, BPCO, pneumopathies interstitielles diffuses fibrosantes.
La nocivité de la cigarette dépend plus de la durée d’exposition que du paquet-année (PA).

Abréviations

CBP
cancer bronchopulmonaire
CBPC
cancer bronchopulmonaire à petites cellules
CBNPC
cancer bronchopulmonaire non à petites cellules
CLCC
centre de lutte contre le cancer
DFGe
débit de filtration glomérulaire estimé
PA
paquets-années
SPLF
Société de Pneumologie de Langue Française

Épidémiologie du cancer du poumon en France

  • Incidence: 52.777 nouveaux cas annuels (2e de l’homme, 3e de la femme)
  • Décès: 33.000/an (2018. 1re cause de mortalité par cancer)
  • Âge médian au diagnostic: 66 ans pour les femmes, 68 pour les hommes
  • Survie à 5 ans (tous stades): 20 % (+11 points en 25 ans)
  • Le tabagisme passif causerait 1/4 des cancers broncho-pulmonaires des non fumeurs (Collège)

Études du dépistage du cancer du poumon

Étude NELSON
Réduction de la mortalité par cancer du poumon à 10 ans de 26%/61% (H/F) chez les personnes à haut risque de CBP. La réduction de la mortalité à 10 ans n’est que 3,2% (6,7% dans l’étude NSLT).

La Commission européenne recommande ce dépistage depuis son communiqué de septembre 2022.

Le diagnostic de cancer broncho-pulmonaire est évoqué devant les symptômes suivants (fumeur ou ancien fumeur ++):

  • Hémoptysie
  • Signes respiratoires chroniques
  • AEG: fatigue, amaigrissement, anorexie
  • Envahissement locorégional
    • Syndrome cave supérieur
      Œdème de la base du cou, circulation veineuse collatérale, turgescence jugulaire, œdème palpébral le matin.
    • Dysphonie
    • Douleur thoracique
    • Syndrome de Pancoast Tobias
      Névralgie cervico-brachiale C8-D1 avec myosis - ptosis - énophtalmie (syndrome de Claude Bernard Horner homolatéral)
  • Métastase du système nerveux, os, foie, peau
  • Syndrome paranéoplasique
    • Thrombose veineuse profonde
    • Hippocratisme digital récent avec arthralgies inflammatoires (syndrome de Pierre-Marie)
    • Hyponatrémie (sécrétion inappropriée d’ADH)
    • Fièvre isolée
    • Pseudo-myasthénie, neuropathie périphérique

Le diagnostic de cancer du poumon est anatomopathologique.

Pour la suite de la prise en charge, relever:

  • Antécédents et comorbidités
    Dont cancers et maladies respiratoires.
  • Tabagisme et expositions professionnelles
  • Allergie au produit de contraste iodé
  • Symptômes autres ou généraux
  • +75 ans: dépistage gériatrique (G8, VES13, FOG …)

Bilan biologique

  • NFS
  • Créatininémie, DFG
  • Bilan hépatique
  • TP, TCA

Le dosage des marqueurs tumoraux n’a aucune indication pour le dépistage du cancer du poumon.

Imageries en semi-urgence devant une suspicion de cancer du poumon

Bilan systématique en cas de signes d’alerte ou de symptômes atypiques:

  • Radiographie thoracique face et profil
  • Scanner thoracique avec injection

Puis adresser en semi-urgence en Centre de Lutte contre le Cancer (CLCC).

Le scanner n’élimine pas formellement le diagnostic en cas de forte suspicion diagnostique de cancer du poumon. Intérêt d’avis pneumologique ou oncologique en semi-urgence.

Aucun dépistage du cancer du poumon n’est actuellement recommandé en France.

Aucun intérêt du dépistage par: radiographie thoracique, ECBC, fibroscopie ou TEP-TDM. – SPLF 2021

Préconisations SPLF 2021 pour le dépistage du cancer du poumon

La SPLF, au vu des données de recherche, est favorable au dépistage ciblé du cancer du poumon par scanner faible dose.

  • Recommandations en faveur d’un dépistage individuel du cancer bronchopulmonaire
  • Après information précise sur l’intérêt, les risques de surdiagnostic et le sevrage tabagique
  • Nécessité de larges études
  • Le dépistage du CBP repose sur scanner thoracique à faible dose d’irradiation sans injection
  • Réalisé max tous les 2 ans
    2 TDM à 1 an puis tous les 2 ans (si premiers normaux et tabac isolé sans BPCO ni emphysème), sinon annuel
  • Pendant 5,5 à 10 ans

La Commission européenne recommande ce dépistage depuis son communiqué de septembre 2022.

Chez qui dépister le cancer du poumon selon la SPLF ?

  • Âge 50-74 ans
  • et tabagisme > 10 cig/j pendant 30 ans
    ou > 15 cig/j pendant > 25 ans
  • et tabagisme actif ou sevré depuis ≤ 10 ans (voire ≤ 15 ans)
  • et accord éclairé
  • et volontaire pour l’aide au sevrage tabagique
  • Sans aucun des signes suivants (sortie si survenue):
    • Impossibilité de monter 2 étages sans s’arrêter
    • ≥ 140 kg
    • Scanner thoracique < 1 an
    • Cancer bronchopulmonaire < 5 ans ou sous traitement
    • Cancer en cours de surveillance par imagerie thoracique
    • Comorbidité sévère restreignant toute intervention thérapeutique
    • Symptômes évocateurs de cancer (hémoptysie, amaigrissement, infection pulmonaire récente)

Et pour une personne vivant avec le VIH (PVVIH) avec symptôme parmi:

  • Toux persistante
  • Hémoptysie
  • Douleur chronique
  • Altération de l’état général

CNS 2017

Information sur le dépistage destinée aux personnes éligibles (SPLF)

Votre médecin vous a proposé d’effectuer un dépistage du cancer du poumon. Pourquoi ?

Parce que des études réalisées chez des personnes de votre tranche d’âge et ayant un tabagisme comparable au vôtre ont montré que le dépistage permet de réduire le risque de décès par cancer du poumon de plus de 20%.

Comment se déroule ce dépistage ?

Vous passerez un examen tomodensitométrique (le plus souvent appelé scanner) à faible irradiation une fois par an pendant les deux premières années, puis le rythme sera déterminé par votre médecin, entre une fois tous les ans ou une fois tous les deux ans. Ces examens sont tout à fait indolores et non invasifs.
Comme dans les dépistages de toutes formes de cancer, il arrive qu’une anomalie soit détectée, à la lecture de l’examen, pouvant être source d’inquiétude. Le médecin vous proposera alors des examens complémentaires. Toutefois, dans la plupart des cas, ces anomalies ne sont pas cancéreuses.

Quel est l’intérêt de ce dépistage ?

Alors qu’un cancer, découvert par des symptômes, est souvent à un stade avancé, le dépistage permet de découvrir précocement un cancer, de traiter et de guérir huit malades sur dix, et donc de réduire considérablement le nombre de décès par cancer du poumon.
La mise en œuvre de ce dépistage, si elle est accompagnée d’un arrêt du tabac, contribue à une diminution encore plus conséquente de la mortalité. C’est un moment privilégié pour arrêter de fumer si vous fumez encore. Votre médecin peut vous accompagner dans cette démarche. Vous pouvez également consulter les centres anti-tabac dont vous trouverez le numéro d’appel au 39 89 ou sur le site : https://www.tabac-info-service.fr.
Votre médecin est à votre disposition pour discuter de tous ces éléments.

SPLF 2021

Pour en savoir plus: le dépistage du cancer du poumon aux États-Unis d’Amérique

L’ACS recommande le dépistage chez les sujets éligibles de 50 à 80 ans avec au moins 20 paquets-année par scanner faible dose annuel.

Adresser en semi-urgence à l’équipe hospitalière d’oncologie ou pneumologie pour la suite de la prise en charge du cancer du poumon. Annuaire des Centres de Lutte contre le Cancer (CLCC).

Le traitement curatif du cancer bronchopulmonaire dépend de la RCP (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, immunothérapie ± associées). Il doit être démarré dans les 6 semaines qui suivent la réalisation du bilan d’extension.

graph TB
  risque["Patient à haut risque de
cancer du poumon


Tous les critères remplis:
1. 50-74 ans
2. Tabac > 10 cig/j 30 ans
ou 15 cig/j > 25 ans
3. Actif ou sevré ≤ 10 ans
4. Accord éclairé
5 Volontaire pour sevrage
6. Sans comorbidité sévère
(voir Dépistage)"] -- Selon SPLF --> dépistage("Dépistage

Scanner faible dose.
Non recommandé par HAS") suspicion["Suspicion de
cancer du poumon


(Fumeur actif ou sevré ++)
- Toux
- Dyspnée
- Hémoptysie
- Pneumonies récidivantes
- AEG
- Dysphonie
- Syndromes d'envahissement
- Syndrome paranéoplasique"] --> bilan("Bilan semi-urgent

- Biologie
- Radiographie thoracique
- Scanner thoracique injecté") --> CLCC(Avis CLCC) style risque stroke:#4150f5, stroke-width:1px style suspicion stroke:#4150f5, stroke-width:1px
Figure. Prise en charge du cancer du poumon par le médecin généraliste. Dr JB Fron d'après HAS 2022, SPLF 2021 et ERS.