Hémangiome hépatique

EASLMis à jour

Résumé des recommandations pour le généraliste

  • L’hémangiome hépatique est une tumeur toujours bénigne du foie, le plus souvent asymptomatique
  • L’hémangiome doit être différencié d’un cancer hépatique (carcinome hépatocellulaire surtout, hépatopathie ++), d’une métastase (contexte de cancer connu) ou d’une infection hépatique (voyage)
  • Le bilan de l’hémangiome hépatique comporte un examen clinique rigoureux, un bilan hépatique avec sérologies des hépatites et une échographie abdominale
  • Un avis spécialisé du gastro-entérologue est important au diagnostic pour ne pas méconnaître une lésion autre
  • La prise en charge de l’hémangiome est dans la grande majorité des cas simple avec une abstention de traitement
  • En cas de douleurs abdominales non spécifiques attribuables au nodule, proposer le dossier à une RCP des tumeurs bénignes du foie
  • Pas de suivi pour un hémangiome hépatique typique inférieur à 3 cm

Hémangiome hépatique
Tumeur bénigne primitive du foie la plus fréquente (prévalence de 0,4-20 %), de type non épithélial, elle peut varier de taille (sans relation avec les symptômes). L’hémangiome atteint principalement les femmes de 30 à 50 ans.
L’hémangiome hépatique est souvent unique et de petite taille (inférieur à 4 cm mais 20 cm possibles). La plupart des patients sont asymptomatiques.
Syndrome de Kasabach-Merritt (SKM)
Hémangiome hépatique géant avec réaction inflammatoire et coagulopathie.

Abréviations

CDU-HGE
Collège Des Universitaires d’Hépato-GastroEntérologie
EASL
European Association for the Study of the Liver

Diagnostic différentiel de l’hémangiome hépatique

Autres tumeurs et lésions hépatiques:

Signes et symptômes à rechercher pour étayer un nodule hépatique. L’enjeu consiste à savoir si la tumeur évolue sur foie cirrhotique (en faveur de tumeur maligne primitive) ou à risque métastatique (cancer connu) ou non.

Interrogatoire

  • Antécédents
    Cancer, cirrhose et facteurs de risque d’hépatopathie: hépatite virale, transfusion, tatouage, drogues IV, alcool, syndrome métabolique, diabète.
  • Antécédents familiaux: cancer, hépatopathie
  • Traitements en cours et passés: contraception, méthotrexate, tamoxifène, androgènes
  • Alcool, tabac
  • Voyage à l’étranger
  • Circonstances de découverte de l’hémangiome (découverte fortuite ++)
  • Symptômes abdominaux
    • Asymptomatique ++
    • Douleur abdominale non spécifique
    • Signes négatifs: AEG, troubles du transit (diarrhées), nodule mammaire ou cutané, symptômes autres

Examen clinique

  • Poids et variations, taille, IMC
  • Pression artérielle, fréquence cardiaque
  • Palpation abdominale
  • Signes d’hypertension portale
    Ascite, hépatomégalie, circulation veineuse collatérale, encéphalopathie porto-systémique, varices œsophagiennes.
  • Signes d’insuffisance hépatocellulaire
    Angiomes stellaires (thorax supérieur), érythrose palmaire, ongles blancs, ictère conjonctival ou cutané, foetor hepaticus, inversion du cycle nycthéméral, astérixis, confusion, hypogonadisme.
  • Splénomégalie

Bilan d’un hémangiome hépatique

Le bilan est celui d’une tumeur hépatique:

  • NFS, CRP
  • Bilan hépatique: ASAT, ALAT, GGT, PAL, bilirubine totale
  • Ferritinémie
  • Coagulation: TP, TCA
  • Albuminémie
  • Sérologies VHB, VHC
  • Glycémie à jeun
  • Bilan lipidique

Échographie abdominale

« Chez les patients ayant un foie normal ou sain, une lésion hyperéchogène est probablement un hémangiome hépatique » – EASL 2016

L’échographie abdominale montre une masse hépatique hyperéchogène homogène (souvent moins de 3 cm) avec renforcement acoustique et contours nets.

Le diagnostic d’hémangiome hépatique est échographique si tous les critères sont remplis pour une taille inférieure à 3 cm.

Pas de suivi d’imagerie nécessaire pour un hémangiome typique.

Compléter avec une IRM hépatique avec injection de produit de contraste en cas d’échographie atypique, de cancer connu ou d’hépatopathie (cirrhose ++; alternative avec injection: échographie ou scanner).

Biopsie hépatique

La biopsie est décidée en RCP des tumeurs bénignes du foie en cas de diagnostic incertain à l’imagerie.

En cas de lésion en croissance, symptomatique par compression ou de syndrome de Kasabach-Merritt, demander une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) des tumeurs bénignes du foie.

La prise en charge de l’hémangiome hépatique est décidée par le gastro-entérologue avec l’intégralité du bilan (clinico-bio-échographique).

Pour en savoir plus : prise en charge d’un hémangiome hépatique

« Qu’il s’agisse de patients ayant des lésions de grande taille ou des lésions entraînant des symptômes minimes, le bénéfice de la chirurgie est discutable » – EASL 2016

La prise en charge de l’hémangiome hépatique typique est conservatrice du fait de son caractère bénin.

Précisions pour la prise en charge d’un hémangiome:

  • Aucun suivi pour une lésion typique
  • Grossesse et contraceptifs oraux: aucun restriction en cas d’hémangiome stable asymptomatique
  • Hémangiome géant ou symptomatique: RCP des tumeurs bénignes du foie
    La chirurgie est rarement choisie sauf syndrome de Kasabach-Merritt (alternatives: embolisation, corticothérapie, vincristine).

La transplantation hépatique est exceptionnelle (tumeurs compliquées de grande taille ou très étendues non résécables).

graph TB
  incidentalome["Découverte d'un
hémangiome hépatique
Fortuite ++ ou symptomatique"] --> clinique("- Clinique: examen,
antécédent de cancer,
hépatopathie,
symptômes, AEG
- Biologie: BH,
sérologies hépatites") --> aspect("Tous les critères remplis ?

1. Aspect typique
2. Absence de cancer connu
3. Absence d'hépatopathie/cirrhose") -- Oui --> symptômes("Symptômes invalidants ?") -- Oui --> RCP("RCP tumeur bénigne
du foie") symptômes -- "Non, avis
de principe" --> gastro("Avis gastro-entérologique") -. "Hémangiome confirmé" .-> suivi("Pas de suivi
si < 3 cm") aspect -- Non --> bilan("Compléter le bilan:
- IRM hépatique
± Scanner abdominal") --"Semi-urgent"--> gastro style incidentalome stroke:#4150f5, stroke-width:1px
Figure. Prise en charge d'un hémangiome hépatique. Dr JB Fron d'après EASL 2016.