Infections génitales hautes: endométrite et salpingite
Résumé des recommandations pour le généraliste
- Les infections génitales hautes (IGH) sont l’endométrite et la salpingite. Elle sont dites compliquées en cas d’abcès tubo-ovarien (ATO) ou de pelvipéritonite d’origine génitale
- Examen clinique et gynécologique: mobilisation utérine, facteurs de risque d’infections sexuellement transmissibles (IST), fièvre et leucorrhées, prélèvements et bandelette urinaire
- Le bilan d’infection génitale haute comprend: échographie pelvienne et prélèvements microbiologiques de l’endocol avec culture et PCR gonocoque/Chlamydia et mycoplasme de toute suspicion d’endométrite ou salpingite
- Critères d’hospitalisation des infections génitales hautes: IGH compliquée, doute diagnostique, hyperalgie, prise orale impossible, échec à 3-5 jours ou détresse psychosociale
- Prise en charge des suspicions d’endométrite et salpingite par antibiothérapie après la réalisation des prélèvements:
- Traitement par ceftriaxone 1g IM dose unique, doxycycline 200 mg et métronidazole 1g pendant 10 jours
- Réévaluation systématique sous 3 à 5 jours pour réévaluation de l’efficacité et des résultats PCR et microbiologiques
- Informer sur les risques de récidive, d’infertilité et de grossesse extra-utérine (GEU)
- En cas de facteurs de risque ou de positivité des IST, dépistage des autres IST, de la santé sexuelle et du partenaire
Chapitres liés: IST, infections à Chlamydia trachomatis, papillomavirus (HPV)
- Infection génitale haute (IGH) non compliquée
- Le terme comprend l’endométrite et la salpingite symptomatiques (la majorité sont asymptomatiques). Elle est dite compliquée en cas d’abcès tubo-ovarien (ATO), de pelvipéritonite ou plus rarement de péri-hépatite ou sepsis. Elle atteint les femmes en âge de procréer.
- Elle est secondaire à à l’ascension de germes du vagin à travers le col de l’utérus.
- Les récidives sont fréquentes (15 à 21%, 1/3 par réinfection) augmentant le risque d’infertilité et de douleurs pelviennes chroniques.
- Leucorrhées
- Pertes vaginales.
- Elles sont pathologiques si elles se modifient en couleur, abondance, aspect et/ou odeur. Elles traduisent alors une infection (vaginite, vulvo-vaginite).
- Principales causes: trichomonose (IST, leucorrhées abondantes, spumeuses, voir Vaginose), vaginose bactérienne (leucorrhées abondantes, nauséabondes) et candidose vaginale (caillebottées).
- Mycoplasmes
- Plus petites bactéries capables de réplication autonome.
- Trois ont un pouvoir pathogène pour l’appareil génital: M. genitalium, M. hominis et Ureaplasma spp (U. urealyticum et U. parvum). Toutefois Ureaplasma spp et M. hominis appartiennent à la flore commensale des voies génitales basses et leur rôle pathogène est controversé.
Abréviations
- ATO
- abcès tubo-ovarien
- DIU
- dispositif intra-utérin (ou stérilet)
- HAS
- Haute Autorité de Santé
- IGH
- infection génitale haute (endométrite, salpingite, pelvipéritonite d’origine génitale)
- SFD
- Société Française de Dermatologie
- SPILF
- Société de pathologie infectieuse de langue française
Autres diagnostics à évoquer devant un tableau d’infection génitale haute:
- Appendicite aiguë pelvienne
- Infection urinaire
- Grossesse extra-utérine
- Autres algies pelviennes: torsion d’annexe, endométriose, pathologie ovarienne, algie périovulatoire et périmenstruelle
- Diverticulite sigmoïdienne
Les infections génitales hautes ont pour germes classiques: Chlamydia, gonocoque et Mycoplasme. Elles ont un risque élevé de récidive.
Interrogatoire
Signes et symptômes d’endométrite et salpingite:
- Antécédents médicaux
- Antécédents gynéco-obstétricaux: douleurs pelviennes chroniques, accouchement récent, bilan gynécologique invasif, infections sexuelles, partenaires multiples, IVG
- Douleurs pelviennes spontanées persistantes plus de 4 jours
- Facteurs de risque d’IGH: facteur de risque d’IST, explorations endo-utérines, avortement, post-partum
- Date des dernières règles
- Installation et caractères des douleurs pelviennes
- Autres symptômes:
- Signes généraux: frissons, fièvre
- Dyspareunies
- Leucorrhées, saignements utérins
- Signes urinaires: pollakiurie, brûlures mictionnelles
- Douleurs de l’hypochondre droit
- Signes de complications et diagnostic différentiel: syndrome rectal (abcès du Douglas), défense du flanc droit (appendicite)
Examen clinique
Les signes associés (fièvre, leucorrhées, métrorragie) renforcent le diagnostic clinique.
Examen clinique pelvien recommandé pour le diagnostic clinique: douleur annexielle provoquée ou douleur à la mobilisation utérine.
Trois prélèvements de l’endocol (ou vaginaux à défaut si pose de spéculum impossible) pour examen direct, culture-antibiogramme et PCR gonocoque/Chlamydia et mycoplasme.
Bandelette urinaire pour éliminer une pyélonéphrite.
Des prélèvements normaux n’infirment pas le diagnostic d’IGH.
Bilan d’une infection génitale haute
- NFS, CRP
- ß-hCG
- Bandelette urinaire
- Si facteur de risque d’IST: sérologies VIH, VHB, VHC, syphilis
- Prélèvements microbiologiques (voir Clinique)
- Échographie pelvienne endovaginale
Elle ne doit pas retarder l’antibiothérapie.
Un syndrome inflammatoire élevé doit faire rechercher une forme compliquée ou une appendicite aiguë aux Urgences. Scanner abdomino-pelvien injecté en cas de doute diagnostique.
En cas d’IST découverte au décours, contrôle PCR sur auto-prélèvement vaginal (et suivi prolongé).
Critères d’hospitalisation: IGH compliquée, doute diagnostique, hyperalgie, prise orale impossible, échec à 3-5 jours, détresse psychosociale.
Prise en charge semi-urgente des infections génitales hautes par antibiothérapie dès que le diagnostic est probable, après l’examen gynécologique et les prélèvements microbiologiques.
Traitement ambulatoire de l’IGH simple pendant 10 jours (HAS/SPILF 2024):
- Ceftriaxone 1g IM dose unique
- + doxycycline 100 mg x 2/j
- + métronidazole 500 mg x 2/j
- Réévaluation systématique à 3-5 jours
Évolution (~15 % d’échecs), tolérance, observance et résultats microbiologiques et des IST (± bilan IST). - Si facteur de risque d’IST: préservatif
Cas particuliers:
- Si allergie documentée aux céphalosporines sans facteur de risque d’IST, 10 jours de:
- ofloxacine 200 mg x 2/j + métronidazole identique
- ou lévofloxacine 500 mg x 1/j métronidazole identique
- si risque d’IST ou Mycoplasma genitalium: avis infectiologique
- Si stérilet/DIU: retrait non systématique (discuté et mise en culture si forme compliquée ou échec à J3-J5)
- Si VIH: traitement identique
- Si IST: préservatif durant le traitement
Après la guérison
- Information sur le risque de grossesse extra-utérine (GEU), de douleurs pelviennes chroniques et les signes évocateurs
- Un DIU (stérilet) peut être posé
- Si IST: contrôle PCR gonocoque/Chlamydia ± mycoplasme à 3-6 mois et du partenaire, santé sexuelle, vaccination VHB, suivi régulier
« Une antibioprophylaxie est systématiquement recommandée lors des césariennes. » – CNGOF/SPILF 2018
Signes d’endométrite du post-partum:
- Douleurs abdomino-pelviennes
- Fièvre ≥ 38°C
- et/ou lochies fétides
- Examen: douleur utérine provoquée
Traitement de l’endométrite du post-partum
Prise en charge de l’endométrite du post-partum en l’absence de signes de gravité:
- Prélèvements bactériologiques habituels (voir Clinique)
- Antibiothérapie probabiliste: amoxicilline/acide clavulanique 3-6 g/j (selon le poids) jusqu’à 48 heures d’apyrexie ou la disparition des symptômes
- Si allergie aux pénicillines: hospitalisation
- Réévaluation systématique à 72 heures de l’adaptation de l’antibiotique Si échec: scanner abdomino-pelvien (ou IRM) injecté en urgence.