Ostéoporose masculine
Résumé des recommandations pour le généraliste
- Ostéodensitométrie (DXA) indiquée chez un homme: fracture de fragilité, corticothérapie ≥ 7,5 mg/j d’éq. prednisone ≥ 3 mois, endocrinopathie, ostéopathie fragilisante
- Bilan de l’ostéoporose de l’homme en cas de fracture ou de T-score < -3: testostéronémie libre ou biodisponible, NFS, CRP, créatininémie, bilan hépatique, vitamine D, calcémie, phosphatémie, électrophorèse des protéines sériques ± bilans ciblés
- Biphosphonate en 1er traitement anti-ostéoporotique selon T-score: fracture sévère ≤ -1, autres fractures ≤ -2 ou T-score ≤ -3 avec risque fracturaire/de chutes
- Avis rhumatologique si: -70 ans, hypogonadisme, T-score proche de l’indication de traiter, contre-indication au traitement, après 2-3 ans de traitement
- Prise en charge par biphosphonate: bilan bucco-dentaire, zolédronate 5 mg/100 mL IVL à domicile (pas avant J+15 de la fracture) ou risédronate 35 mg/sem (tériparatide SC possible pour ≥ 2 fractures vertébrales)
Au moins 30 minutes avant le repas, debout ou assis (sans se recoucher ensuite) avec un grand verre d’eau du robinet (ou peu minéralisée) - Évaluer les apports calciques et souvent supplémenter à distance des repas, supplémenter en vitamine D
- Contrôle de l’ostéodensitométrie à 2-3 ans + avis rhumatologique
- Nouveau contrôle de la DXA 2 ans après l’arrêt du traitement
Prévention pour tous
Risque de chutes, arrêt du tabac, activité physique, vitamine D ≥ 75 nmol/L, calcium cible 1 g/j (aliments riches en calcium).
Chapitres liés: ostéoporose post-ménopausique, vitamine D
- Ostéoporose masculine
- Il n’existe pas de définition consensuelle. Il est donc admis d’utiliser la définition féminine de l’ostéoporose (ISCD 2015): une ou plusieurs fractures de fragilité osseuse et/ou DMO basse avec T-score ≤ -2,5 en contexte de fragilité osseuse (corticothérapie prolongée, alcool, hypogonadisme, BPCO).
- Tous les os peuvent être atteints par une fracture ostéoporotique sauf:
crâne, face, vertèbres au-dessus de T4 (tumeur, infection), mains et doigts, avant-pied et orteils (fractures traumatiques ou tumorales). - 20-25% des fractures ostéoporotiques surviennent chez l’homme. 20% ont une deuxième fracture dans l’année et ⅓ dans les 2 ans.
- Fracture de fragilité sévère
- Fracture associée à une surmortalité (x 2-3): extrémité supérieure du fémur ou de l’humérus, vertèbre, pelvis, bassin, sacrum, diaphyse fémorale, fémur distal, 3 côtes simultanées et tibia proximal.
- FRAX®
- Score de probabilité à 10 ans de fracture de l’extrémité supérieure du fémur (FESF) et des fractures majeures développé par l’OMS.
- « Fracture majeure » pour le calcul du FRAX: considérer une fracture de l’ESF, humérus, poignet ou vertébrale clinique. Il est utilisé par le spécialiste en cas de cas complexe chez l’homme.
Facteurs de risque de fracture osseuse
- Antécédent de fracture de fragilité (x2)
- Facteur de risque de fracture
- Risque de chute avec ≥ 1 parmi:
Appui monopodal < 5s, marche (> 5s pour 4 m), < 5 levés de chaise sans les mains en 15s
Épidémiologie de l’ostéoporose chez l’homme
- Une homme de +50 ans a 1 chance sur 5 d’avoir une fracture ostéoporotique
- +55 ans avec fracture de l’extrémité supérieure du fémur (FESF): ⅓ morts dans l’année (dont 20% dans les 3 mois en 2008) (Drees 2016)
- 90% des FESF surviennent après une chute
- Après hospitalisation pour fracture, seuls 5% des hommes de +50 ont eu une ostéodensitométrie dans l’année et 5% un traitement anti-ostéoporotique (2012). Toutefois 50% reçoivent du calcium et/ou de la vitamine D.
Abréviations
- BP
- biphosphonate (ou bisphosphonate)
- DMO
- densité minérale osseuse
- DS
- déviation standard
- DXA
- ostéodensitométrie par absorptiométrie biphotonique à rayons X
- ESF
- extrémité supérieure du fémur (dont col du fémur ou trochanters)
- FESF
- fracture de l’extrémité supérieure du fémur
- FRAX®
- Fracture Risk Assessment Tool (OMS)
- GRIO
- Groupe de Recherche et d’Information sur les Ostéoporoses
- HAS
- Haute Autorité de Santé
- IOF
- International Osteoporosis Foundation
Avis rhumatologique systématique en cas de fracture de fragilité chez un homme avant 70 ans.
Rechercher les facteurs de risque de fracture chez l’homme +70 ans:
- Taille à 20 ans
- Antécédents
Fractures (ancienneté, type), endocrinopathie, maladie inflammatoire, cancer, neurologique. - Alcool, tabac
- Suivi bucco-dentaire
- Traitements
Corticothérapie, anti-androgéniques. - Facteur de risque de fracture
- Facteur de risque de chute
- +65 ans: dépistage des chutes
- Êtes-vous tombé dans la dernière année et si oui combien avez-vous fait de chutes et avez-vous eu des blessures ?
- Avez-vous peur de tomber ?
- Vous sentez-vous instable en marchant ou en vous levant ?
- Évaluer les apports calciques
- Signes négatifs: AEG, douleurs osseuses atypiques
Examen clinique
- Poids, taille et variations par rapport à 20 ans, IMC
- État bucco-dentaire
- Si ≥ 1 réponse au dépistage des chutes, examen pour rechercher un risque de chute si ≥ 1 parmi:
Appui monopodal < 5s, marche (> 5s pour 4 m), < 5 levés de chaise sans les mains en 15s. - Avant 50 ans: rechercher un syndrome de Cushing (PNDS Cushing 2022)
Rappel des drapeaux rouges de la lombalgie
- Âge < 20 ans ou > 55 ans
- Traumatisme rachidien
- Douleur constante, progressive, inflammatoire
- Douleur dorsale
- Antécédents tumoraux
- Corticothérapie prolongée (dont asthme)
- Toxicomanie, immunosuppression, VIH
- AEG, perte de poids inexpliquée
- Fièvre
- Symptômes neurologiques hors radiculalgie limitée
Sphincters, moteur, paresthésies pubis/périnée. - Déformation rachidienne
Avis rhumatologique
Indications à l’évaluation par le rhumatologue:
- Ostéoporose ou fracture de fragilité avant 70 ans
- Fracture sévère avec tous les T-scores > -1 (autre cause d’ostéopathie)
- Contre-indication aux biphosphonates
- Après une première ligne de biphosphonates
- Hypogonadisme (hors cancer de la prostate)
Bilan biologique
Bilan biologique en cas de fracture de fragilité ou de T-score < -3:
- NFS, CRP
- Ionogramme, créatininémie
- ASAT, ALAT, GGT, PAL
- Calcémie, phosphatémie
- Albuminémie
- Ferritine (voir hémochromatose)
- Électrophorèse des protéines sériques
- Testostéronémie libre ou biodisponible (entre 8 et 11h)
- Vitamine D
- Homme avant 50 ans: test de freinage minute (voir syndrome de Cushing)
– GRIO, SFR 2021
Selon les anomalies, compléter avec le(s) dosage(s) ciblés: ferritinémie, PTH, TSH, FSH, LH, prolactine, glycémie, calciurie/phosphaturie, tryptase, anticorps anti-transglutaminase.
Ostéodensitométrie
Indications à l’ostéodensitométrie:
- Fracture sur traumatisme mineur (ex: chute de sa hauteur)
- Fracture vertébrale sans traumatisme ou tumeur
- Au moins 1 facteur de risque d’ostéoporose parmi:
- Corticothérapie systémique ≥ 7,5 mg/j d’éq. prednisone ≥ 3 mois consécutifs
- Hypogonadisme prolongé
- Hyperthyroïdie évolutive non traitée
- Hypercorticisme endogène
- Hyperparathyroïdie primitive
- Ostéogenèse imparfaite
- Chutes répétées
- VIH
- Maladie pulmonaire chronique, BPCO stade > 1
- Rhumatisme inflammatoire chronique
- Suivi après 2-3 ans de traitement
Radiographies rachidiennes
Indications aux radiographies de rachis thoraco-lombaire face et profil :
- Perte de taille > 4 cm
- Rachialgies mêmes transitoires (voir les drapeaux rouges de la lombalgie dans Clinique)
- Fracture vertébrale non documentée
- Corticothérapie ≥ 5 mg/j d’équivalent prednisone depuis au moins 3 mois
– International Society for Clinical Densitometry 2019
L’objectif de la prise en charge de l’ostéoporose est de réduire le nombre de fractures et le handicap résultant.
Décision de traiter selon le T-score mesuré le plus bas. Une ostéodensitométrie est recommandée avant tout traitement.
L’avis du spécialiste est privilégié en cas de doute ou de valeurs proches du seuil pour un traitement.
Mesures générales de prise en charge de l’ostéoporose chez l’homme:
- Traitement non pharmacologique
- Arrêt du tabac et alcool
- Activité physique régulière en charge (30 min x 5/sem)
- Cible en vitamine D: 75-150 nmol/L (30-60 ng/mL)
Sans dépasser 100.000 UI/dose. - Apports en calcium: 1 g/j (GRIO), 2-3 produits laitiers/j, apports lactés quotidiens jusqu’à 3 ans
- Apports protéiniques: 1-1,2 g/kg/j
- Régime méditerranéen
- Information du patient: maladie, traitements, observance, efficacité, effets indésirables
- Prévention des chutes
Dépistage (voir Clinique), lunettes, chaussage, force, tapis, polymédication, benzodiazépines. - Suivi au moins annuel
Taille, chutes, fragilités, observance.
Avis spécialisé après la première ligne de traitement, en cas de T-score > -1 ou de contre-indication au traitement.
Traitement anti-ostéoporotique
Indications au traitement anti-ostéoporotique:
- Fracture sévère avec T-score ≤ -1
- Fracture non sévère (ex poignet, cheville) avec T-score ≤ -2
Avis en cas de T-score ≤ -1 et > -2. - T-score ≤ -3 avec facteur de risque de fragilité ou de chute
Rechercher une autre cause d’ostéopathie fragilisante en cas de T-score > -1.
Choix du traitement anti-ostéoporotique
- Fracture de l’extrémité supérieure du fémur (FESF)
Acide zolédronique 5 mg/100 mL IVL (15 minutes) annuel (info Omedit, aussi privilégié en cas de troubles mnésiques, troubles digestifs, polymédication). - Fracture sévère (hors FESF), vertébrale unique, non sévère ou T-score < -3 avec fragilité ou risque de chutes
- Acide zolédronique 5 mg IVL annuel
- Risédronate 35 mg en 1 prise par semaine
- Fractures vertébrales
- Tériparatide SC 20 µg/j pendant 18 mois
puis relayé par un biphosphonate. - ou traitements ci-dessus
- Tériparatide SC 20 µg/j pendant 18 mois
Ne pas démarrer en l’absence de suivi bucco-dentaire régulier (sauf fracture sévère).
Nouvelle ostéodensitométrie après 2-3 ans de traitement (et à chaque fois qu’une modification est envisagée).
Surveiller l’absence de perte osseuse (diminution de la DMO > 0,03 g/cm²).
Arrêter un traitement anti-ostéoporotique
L’arrêt du traitement de l’ostéoporose peut être envisagé si tous les critères sont remplis:
- Absence de nouvelle fracture ostéoporotique sous traitement
- Absence de nouveau facteur de risque d’ostéoporose
- Absence de réduction de la DMO > 0,03 g/cm² (rachis ou hanche)
- Si fracture sévère: T-score au col du fémur > -2,5 voire -2
Sinon l’avis rhumatologique est nécessaire.
Autre indication à traiter: T-score < -3 avec risque de fracture ou de chute (acide zolédronique ou risédronate).
graph TB perteTaille["- Perte de taille
> 4 cm comparée à 20 ans
- Rachialgies après 55 ans
- Corticoïdes chroniques"] --> radio(Radio dorso-lombaires) -- Fracture vertébrale --> bilan fracture[Fracture osseuse] style fracture stroke:#4150f5, stroke-width:2px fracture ==> bilan("- Facteurs de risque (chute, fracture)
- Bilan différentiel
- Mesures de prévention
- Ostéodensitométrie") bilan ==> severe("Fracture sévère ?
—
- FESF/tête humérale
- Vertèbre
- Pelvis, bassin, sacrum
- Diaphyse fémorale
- Fémur distal
- 3 côtes simultanées
- Tibia proximal") severe -- Oui vertébrales --> traitementVertebre("T-score ≤ -1
Zolédronate IV,
risédronate
tériparatide SC
—
T-score > -1
Avis rhumatologique") --> DXA severe -- Oui --> traitement("T-score ≤ -1
Zolédronate IV,
risédronate
—
T-score > -1
Avis rhumatologique
") --> DXA("Ostéodensitométrie à 2-3 ans
et avis rhumatologique") severe -- Non sévère --> nonSevere("T-score ≤ -2
Zolédronate IV,
risédronate
—
T-score entre -2 et -1
Avis rhumatologique") --> DXA bilan -- "-70 ans ou
biologie anormale" --> avisSpe fracture -- Non ostéoporotique --> nonOsteoporotique("- Crâne, face
- Rachis cervical + T1-T3
- Mains et doigts
- Avant-pied, orteils") --> etiologique(Bilan étiologique) --> avisSpe(Avis rhumatologique)
FESF = fracture de l’extrémité supérieure du fémur