Infections génitales basses: urétrite, cervicite, vaginose et vaginite

HASSPILFSFDMis à jour

Résumé des recommandations pour le généraliste

  • Les infections génitales basses comprennent les urétrite, cervicite, vaginose et vaginite, souvent par germe sexuellement transmissible (IST)
  • Les symptômes sont dominés par les leucorrhées, un prurit vaginal ou une urétrite
  • Bilan par PCR gonocoque/Chlamydia et prélèvement vaginal avant toute antibiothérapie
    Préciser la recherche de Trichomonas vaginalis en cas de leucorrhées jaunes-vertes, spumeuses avec odeur de plâtre frais.
  • Prise en charge et traitement des infections génitales basses:
    • Vaginose et vaginite (Gardnerella vaginalis, Trichomonas vaginalis): métronidazole 500 mg x 2/j pendant 7 jours
    • Urétrite et cervicite: ceftriaxone 1g IM unique + doxycycline 100 mg x 2/j pendant 7 jours (ou azithromycine 1g dose unique) et consultation à J7 (J3 si échec)
  • Dépistage des autres IST (si Chlamydia, gonocoque, Trichomonas) et du partenaire et évaluation de la santé sexuelle

Chapitres liés: infections génitales hautes, mycose vaginale, infections urinaires, herpès génital, infections à Chlamydia trachomatis et papillomavirus (HPV), syphilis

Urétrite
Inflammation de l’urètre le plus souvent infectieuse, voire inflammatoire ou irritative. Première manifestation des infections sexuellement transmissibles.
Cervicite muco-purulente
Inflammation de l’endocol utérin avec des symptômes variables (écoulement purulent ou muco-purulent par le col, col inflammatoire saignant au contact ou polynucléaires neutrophiles (PNN) sur le frottis endocervical coloré au Gram ou au bleu de méthylène).
Les agents infectieux sont Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae mais ils ne sont pas toujours retrouvés et l’atteinte cervicale n’est pas constante.
Mycoplasma hominis et Ureaplasma urealyticum ne donnent pas de cervicite. Le rôle de M. genitalium est possible mais controversé.
Leucorrhées
Pertes vaginales.
Elles sont pathologiques si elles se modifient en couleur, abondance, aspect et/ou odeur. Elles traduisent alors une infection (vaginite, vulvo-vaginite).
Principales causes: trichomonose (IST, leucorrhées abondantes, spumeuses, voir Vaginose), vaginose bactérienne (leucorrhées abondantes, nauséabondes) et candidose vaginale (caillebottées).
Vaginose bactérienne
Syndrome traduisant un déséquilibre de la flore vaginale avec remplacement des lactobacilles (flore de Döderlein) par des micro-organismes commensaux: anaérobies (Mobiluncus sp …), Mycoplasma hominis et Gardnerella vaginalis dont la prolifération est responsable des symptômes (leucorrhées malodorantes).
Facteurs de risque de vaginose: toilette intravaginale, partenaires multiples et homosexualité.
Pas de traitement du partenaire ou d’une patiente asymptomatique (sauf trichomonose) (ceci pourrait changer prochainement).
Mycoplasmes
Plus petites bactéries capables de réplication autonome. 3 mycoplasmes ont un pouvoir pathogène pour l’appareil génital: M. genitalium, M. hominis et Ureaplasma spp (U. urealyticum et U. parvum). Toutefois Ureaplasma spp et M. hominis appartiennent à la flore commensale des voies génitales basses et leur rôle pathogène est controversé.

Abréviations

HAS
Haute Autorité de Santé
SFD
Société Française de Dermatologie
SPILF
Société de pathologie infectieuse de langue française
TV
Trichomonas vaginalis

Gardnerella vaginalis et vaginite bactérienne

Métronidazole 500 mg x 2/j pendant 7 jours

SFD 2016

Trichomonas vaginalis (TV)

Métronidazole 500 mg x 2/j pendant 7 jours

  • IST à incubation de 4 à 28 jours, asymptomatique 10-50 %
  • Leucorrhées (jaunes-vertes 5-40 %, spumeuses 10-33 %, abondantes et nauséabondes « plâtre frais »)
  • Urétrite
  • Prurit vaginal
  • Spéculum: vagin érythémateux
  • Colposcopie: colpite focale framboisée ou en macules « léopard » (rarement vue à l’examen simple)
  • Auto-prélèvement vaginal avec demande explicite de recherche de TV (sensibilité faible 38-65 %)
  • Traitement du partenaire
  • Métronidazole 500 mg x 2/j pendant 7 jours
    • Si observance médiocre: métronidazole 2g dose unique ou secnidazole 2g dose unique
    • Si pénurie: tinidazole 2g dose unique
    • 2e ligne: répéter le métronidazole 500 mg x 2/j pendant 7 jours
    • Si résistance aux 5-nitroimidazolés: métronidazole 1 g x 2/j pendant 7 jours
  • Si grossesse: métronidazole 500 mg x 2/j pendant 7 jours
  • Si allaitement: métronidazole 2g dose unique juste avant la dernière tétée du soir

HAS/SPILF 2024

Mycoplasmes

M. hominis a un rôle pathogène controversé et il n’est pas recommandé de le rechercher systématiquement.

Ceftriaxone 1g IM dose unique
+ doxycycline 100 mg x 2/j pendant 7 jours
ou azithromycine 1g dose unique

Symptômes classiques des urétrites et cervicites: leucorrhées, dyspareunies, spotting, urétrite, cystalgies.

La prise en charge d’une urétrite ou d’une cervicite non compliquée associe:

  • Prélèvements microbiologiques
    • Autoprélèvement vaginal (et autres sites: urètre, pharynx, anus) et PCR gonocoque/Chlamydia
    • Frottis de l’endocol coloré au Gram ou au bleu de méthylène et culture pour recherche de gonocoque (endocol et urètre)
    • Prélèvement des culs-de-sac vaginaux pour frottis coloré au Gram (ou bleu de méthylène), examen à l’état frais (levures, clue-cells, trichomonas), culture pour Trichomonas vaginalis
  • Traitement probabiliste antigonococcique et anti-Chlamydiae:
    • ceftriaxone 1g IM dose unique
    • doxycycline 100 mg x 2/j pendant 7 jours ou azithromycine 1g dose unique
    • Si allergie aux bêta-lactamines: attendre l’antibiogramme
  • Consultation à J3 si persistance, J7 systématique pour lecture des résultats, contrôle clinique et prévention des IST
  • Mesures associées aux IST (sérologies VIH, VHB, VHC, syphilis), pas de rapports sexuels jusqu’à J7
  • ± Renouveler la sérologie VIH à 6 semaines

HAS/SPILF 2024 et SFD 2016